Que faire si mon enfant est trop gros ?
(au dessus de la ligne du 97ème percentile)

Il faut vous en préoccuper. Plus il sera pris en charge tôt, mieux c’est : le risque d’évolution vers une obésité à l’âge adulte sera moindre.

De plus, il est souvent plus facile de changer des erreurs dans les habitudes alimentaires d’un enfant jeune que d’un adolescent.

Qui consulter ?

Des professionnels de santé sont là pour vous aider, pour repérer et améliorer les comportements ou les habitudes de votre enfant. Les raisons de son excès de poids sont probablement multiples. Il faudra lui proposer des modifications adaptées à sa situation et acceptables pour lui et pour l’ensemble de la famille.

Vous pouvez vous adresser :

  • au pédiatre de votre enfant
  • au médecin de famille
  • au service de pédiatrie de l’hôpital le plus proche
  • au service de Protection Maternelle Infantile (PMI) de votre ville
  • aux services de santé scolaire de l’Education Nationale
  • au Centre de Santé Municipale (CSM) de votre ville
  • au Centre Spécialité Obésité de votre région (CERON pour Nice Cote d’Azur) ou à un RéPPOP (Réseau de Prévention et de Prise en charge de l’Obésité Pédiatrique) s’il en existe un

Quelles sont les recommandations ?

Se battre contre l’excès de poids ne se limite pas à quelques changements transitoires de son alimentation ou son activité physique. Pour qu’elles soient durables et donc efficaces, faites de ces nouvelles habitudes une affaire de famille et voyez comment elles peuvent être suivies par tous, y compris par vos autres enfants, même s’ils n’ont aucun problème de poids.

L’objectif est de proposer à votre enfant une alimentation normale pour son âge, adaptée à ses goûts en suivant les repères de consommation du programme national nutrition santé (PNNS), et de l’encourager à pratiquer une activité physique régulière, quotidienne et à diminuer sa sédentarité.

Tant que votre enfant grandit, il n’est pas nécessaire qu’il perde du poids :
le ralentissement de sa prise de poids, associée à sa croissance en taille lui permettra de mincir.

Quelles recommandations pour l'alimentation ?

Le bon rythme des repas : 4 repas par jour … et rien d’autre !

  • Le petit déjeuner est un repas essentiel : un petit déjeuner équilibré peut comporter par exemple du lait ou un laitage, du pain avec une fine couche de beurre et/ou de la confiture ou des céréales (en évitant de donner trop souvent des céréales fourrées, plus riches que les autres), un fruit ou un jus de fruit
  • Le goûter, pris en milieu d’après-midi est un moment important car il permet d’éviter le grignotage de fin de journée. Un goûter équilibré peut comporter du lait ou un laitage peu sucré, du pain (avec une fine couche de beurre ou de confiture ou 3 à 4 carrés de chocolat) ou des céréales ou de temps en temps quelques biscuits, un fruit ou un jus de fruit. UN SEUL goûter vers 16h30 suffit !
  • Eviter le grignotage.
    Il est important d’aider votre enfant à ne pas manger en dehors des repas, et notamment pas de produits gras et sucrés (bonbons, biscuits, gâteaux apéritifs, cacahuètes, chips, boissons sucrées…)
  • D’une manière générale, limiter :
    biscuits, viennoiseries, chips, gâteaux, sodas et autres friandises… qui ne doivent pas faire partie de l’alimentation quotidienne de votre enfant et qu’il est préférable de consommer modérément, par exemple lors d’évènements particuliers (anniversaires, fêtes…), pour le plaisir.

A table … votre enfant peut s’alimenter selon ses goûts et sa faim…

  • Incitez le à consommer des fruits et des légumes, proposez-les à chaque repas sous toutes les formes (crudités, soupes, légumes cuits, fruits frais, compotes, salades de fruits…)
  • Ne pas exclure les féculents (pain, riz, pâtes, pommes de terres et les légumes secs …) : proposez-les en quantités raisonnables accompagnés d’un peu de matières grasses, ils permettent d’éviter la sensation de faim.
  • Limiter la consommation de certains aliments, moins intéressants pour la santé:
  • les aliments gras : fritures, beurre, sauces, charcuterie, viandes grasses fromages,

  • les aliments sucrés : sodas, sirops, jus de fruits, crèmes dessert, glaces

  • Eviter de resservir votre enfant

L’eau est la seule boisson INDISPENSABLE … à consommer à VOLONTE !

Quelques astuces

  • Apprenez-lui à manger lentement
  • Soyez vigilant sur les achats et le contenu des placards de manière à éviter les tentations
  • Eviter la télévision pendant les repas : cela facilite les échanges au sein de la famille et permet sans effort de consommer moins.
  • Si votre enfant ne résiste pas au grignotage : proposez-lui un jeu, un livre, un occupation plaisante qui lui fera penser à autre chose. Si la pression est trop forte, laissez-le craquer : proposer lui un fruit, une crudité…ou ce dont il a envie mais en petite quantité, en le savourant. Trop de restrictions risque de le pousser à manger en cachette et ce sera alors de plus grandes quantités avalées sans plaisir, avec culpabilité.

Quelques recommandations pour l'activité physique ?

L’important c’est AUSSI de BOUGER !

Tout est bon pour bouger d’avantage : marche, vélo, roller, jeux actifs, sport …
Montrez à votre enfant l’exemple en étant vous-mêmes actifs au quotidien

Pourquoi bouger ?

Chez l’enfant et l’adolescent en surpoids, il a été montré une baisse de la condition physique : diminution des capacités cardio-respiratoire (fréquence cardiaque et respiratoire plus élevées), diminution de l’habileté motrice (adresse, équilibre, agilité, coordination).

Chez les jeunes en excès de poids, la pratique régulière de l’activité physique a des effets significatifs sur les aptitudes physiques et la composition corporelle.

L’activité physique permet de réduire la masse grasse totale, la masse grasse abdominale et intervient dans le maintien de la masse musculaire. En complément d’une modification de l’alimentation, l’intensification de l’activité physique et la réduction des comportements sédentaires représente la meilleure stratégie.

Comment bouger ?

Le type d’activités doit être choisi en fonction du goût de l’enfant (en favorisant plaisir, rencontre et bien-être),  selon les possibilités locales. Les contre-indications médicales sont très rares.

Une durée de 60 mn par jour d’activités modérées à intense est idéale, en favorisant l’activité soutenue 2 à 3 fois par semaine pour renforcer les systèmes musculaire et osseux et en privilégiant l’activité d’endurance. Cependant 15 mn sont mieux que rien, 30 mn mieux que 20 mn… L’important est d’essayer d’en faire plus qu’avant, progressivement pour ne pas se décourager.

Parallèlement, il est important de limiter le temps passé devant un écran : moins de 2h/jour ou 14h/semaine peut être un repère, surtout pour les plus jeunes.

L’implication de la famille est primordiale intermédiaire des propositions scolaires, municipales, de clubs, de stages, etc

Lorsque le surpoids est installé, une réadaptation à l’effort est parfois nécessaire et il faut sensibiliser les intervenants auprès de ces enfants quant à leurs difficultés. L’enfant trop gros n’est pas fainéant, il doit souvent au contraire fournir plus d’effort que les autres pour le même exercice car il porte du poids supplémentaire. Il va être important alors d’adapter le niveau d’activités proposé, pour éviter de le mettre en échec. Certaines activités seront privilégiées comme les activités en décharge ou d’endurance, le niveau d’effort sera adapté à ses possibilités, on aidera l’enfant à gérer son souffle…

Pour sensibiliser les enseignants à ces difficultés, un outil existe : le certificat d’inaptitude partielle. N’hésitez pas à demander à votre médecin à en rédiger un.

Le sommeil

La réduction du sommeil est devenue un comportement courant dans la société moderne. Plusieurs études ont mis en évidence un lien entre une réduction du temps de sommeil chez l’enfant et une augmentation de la corpulence.

Le manque de sommeil entraine par le biais d’hormones une augmentation de la sensation de faim, et donc de la prise alimentaire.

Aspects psychologiques

En plus des conséquences somatiques de l’obésité, les enfants en surpoids sont précocement confrontés aux jugements souvent négatifs des autres sur leur apparence, ils souffrent souvent d’une stigmatisation, d’un étiquetage négatif, ce qui peut inhiber le développement de l’estime et de la confiance en soi et peut entrainer des traits dépressifs. Il faut également tenir compte du fait que ces enfants sont souvent mécontents par rapport à l’image de leur corps et vivent avec la peur de la prise de poids. Tous ces éléments sont source de souffrance psychique.

Les enfants en surpoids, souvent objets de moqueries et d’exclusion, souffrent donc de leur apparence mais une souffrance psychique antérieure peut également être présente en amont et la question de l’étiologie de l’obésité est à discuter (surplus d’apports énergétiques, facteurs génétiques,  sédentarité, transmission du style alimentaire de la famille, maladie endocriniennes… sont bien sur à prendre en compte). Notons cependant que le développement d’un surpoids peut être influencé par des facteurs psychiques : dans ma pratique de consultations auprès d’enfants souffrants de ce symptôme, il est souvent questions de difficultés affectives et de troubles anxieux.

L’alimentation peut avoir en effet une fonction de défense contre des conflits psychiques et devient alors une compensation pour faire face à l’agressivité, à l’angoisse ou à un manque affectif. Enfin, il est important de remarquer qu’il existe souvent une confusion entre émotions négatives et sensation de faim.

Des facteurs ou évènements familiaux doivent aussi être pris en compte : utilisation des aliments comme récompense, punition ou réponse à une frustration, enfant souvent seul après l’école, décès d’un proche, séparation des parents, naissances, déménagement mais aussi plus rarement, secret de famille, inceste, maltraitance…

Le repérage de certains signes cliniques est donc important car la souffrance psychique n’est pas proportionnelle à la surcharge pondérale et peut être cause, conséquence ou simplement associée à l’obésité :

  • dévalorisation du corps
  • mauvaise estime de soi
  • sentiment de honte ou de culpabilité (ex difficultés vestimentaires, peur de se mettre en maillot de bain..)
  • isolement social, évitement de certaines activités, ennui, solitude
  • troubles du sommeil
  • troubles anxieux
  • troubles scolaires

Tout ce qui semble avoir un retentissement sur la vie familiale et sociale de l’enfant ou de l’adolescent.

Tous ces facteurs divers et variés sont donc à prendre en compte dans la prise en charge de l’obésité infantile, sans pour autant que l’intensité du mal-être soit proportionnelle à l’importance du surpoids, il convient de traiter ce symptôme en prenant soin de respecter l’individualité, l’histoire et la subjectivité de chacun.

CE QU’IL NE FAUT PAS CROIRE !

  • Mettre votre enfant au régime ou lui interdire certains aliments
  • Utiliser des médicaments ou des produits amaigrissants
  • Penser que le surpoids va passer tout seul
  • Penser que la corpulence va s’améliorer très vite
  • Penser q’un bilan est indispensable
  • Chercher à faire perdre du poids à un enfant qui grandit encore